mercredi 24 octobre 2007

Statut : stagiaire, profession : coupable

Lu sur Rue 89 : " ce décret sur la gratification [des stagiaires] permettrait de limiter le dumping social dont sont responsables, à leur corps défendant, les milliers de jeunes stagiaires." Stagiaire depuis plus d'un an, je ne me sens pas responsable du "dumping social". Coupable de piquer le boulot d'un autre en revanche...

Le deal est simple. Contre un travail, on offre, à moi comme à d'autres, quelque chose qui n'a pas de prix : généralement on appelle ça l'expérience professionnelle. Parfois, en contrepartie on nous propose quelque chose qui n'a pas de prix non plus : la reconnaissance. La différence ? L'expérience n'a pas de prix, la reconnaissance ne paie pas.

En plein débat sur la rémunération des stagiaires, ceux-ci sont accusés de tirer vers le bas les salaires. On connaît la principale conséquence : une précarité accrue pour des jeunes pas encore sur le marché du travail mais déjà indépendants. On oublie souvent une autre conséquence : l'utilisation massive de stagiaires pénalise une autre catégorie de jeunes, les jeunes actifs, anciens ou futurs chômeurs.

Oui, le fait que j'aille travailler tous les jours, engrangeant de l'expérience, prive un jeune journaliste diplômé d'un boulot qui lui est dû. Alors qui est le plus précaire ? Moi le stagiaire avec mon tiers de Smic ou lui le journaliste condamné au chômage par un bête raisonnement économique : 300 coûte moins cher que 1500.

Le pire ? En prenant le boulot d'un autre, je creuse ma propre tombe. Pourquoi ai-je besoin d'expérience ? Pour mettre toutes les chances de mon côté afin d'être demain diplômé. Et chercher ensuite à mon tour un boulot de journaliste. Mais plus payé a 30% du Smic. J'aurais fait des études tout de même. Ben oui mais le petit stagiaire qui n'en veut il est moins cher que toi. Dès lors ce n'est pas mon salaire qui baissera - je n'accepterai pas d'être payé comme un stagiaire- c'est mon boulot qui me passera sous le nez.

Alors oui je sais la profession est en crise. Mais pour se convaincre de l'universalité de ma situation, il suffit de lire les témoignages de centaines d'autres stagiaires dans la banque, l'assurance, les services. Qui font aujourd'hui le travail d'un cadre... pour pouvoir demain devenir un cadre à part entière. Espérons pour eux, espérons pour nous, espérons pour moi, que le jour ou ils le seront devenu, leur place ne sera pas déjà prise...

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